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La Caritas
au cœur de la mission de l'Église
Journée de formation diocésaine pour
les
groupes Caritas à Mbalmayo
Une journée de formation a rassemblé les groupes Caritas
de la ville de Mbalmayo et les délégués
Tel est le souhait de l'évêque, Mgr Joseph-Marie
Ndi-Okalla, qui a promu cette journée et a invité l'abbé Gabriel Amougou,
Aumônier diocésain de la Caritas, à organiser cette première rencontre
en vue de formuler un plan de formation et de rayonnement missionnaire des
groupes déjà existants sur tout le diocèse.
Mgr Ndi-Okalla a ouvert la journée par la prière. Il a
rappelé ensuite que la Caritas n'est pas une institution comme les
autres ; elle est l'Amour de Dieu lui-même qui se fait présent au milieu des
hommes. Il a souligné l'importance qu'il attribue à la Caritas, puisqu'elle
exprime l'une des quatre fidélités de l'Église primitive, décrite dans les Actes
des Apôtres (2, 42-47). La mise en commun des biens et le partage, afin que
personne ne manque du nécessaire, sont l'inspiration fondamentale de la Caritas,
du service des pauvres, dans l'Église. Il a d'ailleurs souligné que sa devise
épiscopale met un accent sur les trois vertus théologales dont la Charité est
le cœur.
Il y a eu ensuite trois réflexions : celle d'Antonietta
Cipollini, de la Communauté Redemptor hominis, missiologue et
accompagnatrice du groupe paroissiale de la Caritas d'Obeck ; celle de l'abbé
Engelbert Meyongo, Vicaire épiscopal des associations et professeur de droit
canonique à l'Université Catholique d'Afrique Centrale, et finalement celle de
l'abbé Gabriel Amougou, Aumônier diocésain de la Caritas. Un riche débat
et quelques témoignages des participants ont suivi les trois interventions.
La célébration de la messe pontificale a marqué le sommet
liturgique de l'événement et finalement un temps d'agape a clôturé la journée.
Tout le monde est donc rentré conscient qu'une nouvelle page avait vu le jour
pour la Caritas à Mbalmayo.
Tu vois la Trinité quand tu vois la Charité
En revisitant de plus près les différentes interventions,
celle d'Antonietta Cipollini a rappelé les sources trinitaires de la mission de
l'Église. Elle a approfondi les principes doctrinaux du Décret conciliaire Ad
gentes : le projet du Père, déployé dans l'histoire du salut, en
Jésus-Christ et par le Saint Esprit, exprime un amour libre, gratuit, universel
et miséricordieux. Les mêmes caractères du projet du Père doivent être exprimés
par l'Église, appelée à être icône de la Trinité dans l'histoire ; sa charité
doit être libre, sans intérêt, ouverte à tous les frères et à toute la famille
humaine. Capable d'avoir des entrailles de miséricorde, la charité de l'Église
se fera ainsi créative et sera témoignage de la présence de Dieu dans l'histoire.
L'expression de St Augustin : "Tu vois la Trinité quand
tu vois la charité"[1]
a été un leitmotiv de ce premier entretien qui a souligné la primauté de l'expérience,
du témoignage de la charité, pour une confession crédible de la foi trinitaire
et de la communion de l'Église.
La présentation de quelques points forts de l'Encyclique Deus
Caritas est de Benoît XVI, a permis aux fidèles réunis de situer l'importance
de cet amour gratuit du Père, de l'agapé qui dépasse l'eros, tout
amour de possession, pour construire l'Église comme "communauté d'amour"[2],
qui cherche le bien intégral de l'homme. On a souligné l'importance de la
formation du cœur des fidèles et des jeunes à cet amour gratuit, dans un
contexte social qui prime sans scrupule l'intérêt et la compétition économique.
En se référant toujours à l'Église primitive, la
même encyclique de Benoît XVI, rappelait la nécessité pour l'Église de
vivre les trois tâches : Kerigma-martyria, enseignement et témoignage, leiturgia, liturgie et
célébration des sacrements, diakonia, service de la charité : "Ce sont trois tâches qui
La Caritas doit donc être une activité ordonnée,
insérée dans une vision et une pastorale d'ensemble de l'Église, aux différents
niveaux : paroissial, diocésain, universel.
En tenant compte de l'expérience pastorale vécue, en ce
sens, Antonietta a rappelé que les groupes Caritas promus par la
Communauté Redemptor hominis, dans les paroisses qui lui ont été
confiées au Cameroun et au Paraguay, se situent à l'intérieur d'un projet
pastoral global qui privilégie la prédication, la vie liturgique, la formation
des laïcs, promeut le développement et la justice. Elle se définit comme une
pastorale de l'intelligence et de la responsabilité.
L'amour libre de Dieu interpelle et attend en effet une
réponse libre et intelligente de l'homme puisque l'amour de Dieu n'est pas
unilatéral.
De cette approche dialogique de la foi, dérive un
engagement responsable des fidèles laïcs pour la Caritas, qui rejette
tout assistanat, qui sensibilise par contre les familles et les quartiers par
une pastorale de proximité.
La Caritas ainsi conçue est formée souvent par des
pauvres qui aident d'autres pauvres, qui s'organisent et sont solidaires en
Église.
La Caritas devient alors transversale et touche
les différentes réalités de la paroisse : simples fidèles,
Les pauvres ne sont pas un problème pour l'Église
L'abbé Engelbert Meyongo, dans cette même lancée, a
souligné que les pauvres ne sont pas un problème pour l'Église, mais une partie
prenante de la vie de la paroisse. Il a insisté sur la dimension pédagogique d'implication
de tout le peuple de Dieu, puisque la Caritas est l'affaire de tout le
Corps ecclésial. Chacun est appelé à devenir les pieds et les mains de la
charité du Christ.
Dans ce sens, la Caritas n'est pas d'abord une
association avec des statuts, mais elle est avant tout une affaire de tous les
fidèles. Tous les fidèles ont le droit et le devoir de s'engager
personnellement dans l'action caritative qui constitue le commandement nouveau
laissé par le Christ.
Dans une perspective juridique, les biens de l'Église –
a-t-il souligné – viennent des fidèles et devraient être destinés spécialement
aux pauvres. Depuis le début de l'Église, l'accent a été mis sur les pauvres
comme destination première des biens de l'Église.
L'Église a aujourd'hui une structure internationale et
nationale de la Caritas pour subvenir aux besoins des pauvres des
différentes Églises locales.
L'aumônier diocésain, l'abbé Gabriel Amougou, a donc
présenté au niveau national la structure ecclésiale de la Caritas et l'importance
d'implémenter dans le diocèse la même structure qui est un service rendu
aux plus pauvres et en même temps un promoteur du développement intégral de l'homme.
Il ne s'agit donc pas – a-t-il affirmé – de faire de régulières collectes des
fonds, mais de penser surtout à des initiatives qui mobilisent et créent des
ressources. Par la voie d'une authentique subsidiarité, il sera possible ainsi
de participer de la solidarité nationale de la Caritas et de ses
projets.
Les témoignages des groupes paroissiaux ont restitué la
vie de la Caritas déjà présente sur le
La Caritas de la paroisse d'Obeck, qui a
dernièrement fêté, par de multiples initiatives de formation et d'attention aux
pauvres, sa vingtième année d'existence et de rayonnement dans les autres
paroisses, est considérée en quelque sorte comme la Caritas mère du
diocèse. Elle a insisté sur le ministère du service des pauvres, notamment des
personnes âgées et abandonnées, sur la sensibilisation des familles pour ne pas
les soustraire à leurs responsabilités humaines et chrétiennes en affirmant :
"Nous ne sommes pas la roue de secours de ceux qui abandonnent leurs parents".
Le travail de la Caritas doit donc être réalisé en
même temps avec la promotion de la justice aussi et du changement des
mentalités ; cela demande une concertation et un engagement communautaire de
toute la paroisse. Le curé doit accompagner ce travail, par la prédication à
tout le peuple de Dieu et la formation des membres des groupes Caritas
présents dans les différentes réalités de la paroisse : Communautés ecclésiales
vivantes, groupes de prière, etc.
Les groupes Caritas dans ce sens ne sont pas les
simples courroies de transmission pour les collectes de fond de l'Église (les
curés et leur conseil économique pourraient très bien jouer ce rôle), mais la
présence aimante de l'Église auprès des plus pauvres et en ce sens ils
constituent un levain dans la pâte de toute la paroisse.
Les délégués des différentes paroisses du diocèse ont
posé plusieurs questions sur le discernement des situations d'une plus grande
fragilité dans un contexte de pauvreté généralisée ; d'autres ont été
réconfortés puisque la bonté et la générosité du peuple fidèle réalisent
spontanément déjà plusieurs formes de présence auprès des malades et des
pauvres. Aujourd'hui, ils sont appelés à organiser ces initiatives
individuelles en une réalité ecclésiale et sont conscients qu'ils ne seront
plus seuls.
D'autres sessions ont été déjà prévues pour approfondir
la formation et impliquer dans ce dynamisme les curés et les collaborateurs
laïcs des paroisses.
Lors des conclusions présidées par Mgr Joseph-Marie
Ndi-Okalla, une commission a été mise sur pied afin d'établir le plan d'action
de la Caritas diocésaine et pour prévoir une mission auprès des
différents secteurs du diocèse. Monseigneur Ndi-Okalla a voulu que les jeunes
aussi soient membres de cette commission.
Le visage jeune de la Caritas
Quelques jeunes des paroisses de la ville, et notamment d'Obeck,
étaient présents à la journée de
Ils ont voulu, lors du vingtième anniversaire de la Caritas,
se constituer comme Section Jeunes. Cela a produit une note de joie, comme un
fruit mûr cueilli au terme d'un long labeur.
Dans un contexte culturel où les personnes âgées sont
souvent vues comme des sorciers qui veulent bloquer les jeunes et leur
épanouissement, le témoignage de la joie partagée entre jeunes et vieux de la Caritas
est un signe d'espérance certaine, une petite plante à soigner afin que l'Église
en Afrique, et notamment dans notre diocèse,
soit bâtie sur l'Amour qui ne passera jamais.
[1] Saint Augustin, De Trinitate, VIII, 8, 12 : CCL 50, 287 : Bibliothèque augustinienne 16, Paris (1955), 65, cité in Benoit XVI, Encyclique Deus Caritas est, 19, in http://w2.vatican.va [2] Cf. Benoit XVI, Encyclique Deus Caritas est, 19 ss. [3] Cf. Benoit XVI, Encyclique Deus Caritas est, 25.
08/04/2019 |