ARTISANS D’UNE SAISON AFRICAINE D’ESPÉRANCE
J'ai signalé quelques statistiques dans mon mot d’ouverture au Congrès. Au début du XXe siècle, les catholiques se chiffraient à un million deux cent mille dans le continent ; en 2000, ils ont atteint les 139 millions ; en 2012, selon l'Annuaire statistique de l'Église, ils sont 185 millions, ce qui représente plus de 18% de la population du continent. Certes, d'un point de vue démographique, l'Afrique a connu une croissance exponentielle de la population, mais le taux de croissance de la propagation de la foi chrétienne est plus important que celui de la population, ce qui est un signe éloquent, un signe d'espérance, même si les catholiques restent minoritaires.
C'est une foi jeune avec tout ce que cela implique en termes positifs, avec la composante d'enthousiasme, le dynamisme et la joie qui vous frappent quand vous vivez dans les contextes africains par rapport à de nombreuses formes de fatigue et de découragement présentes dans les Églises d’ancienne chrétienté. Mais, en étant encore jeune, cette foi doit évidemment être accompagnée, purifiée de nombreux facteurs, approfondie et elle nécessite une constante évangélisation. * Quels sont, selon vous, les obstacles les plus graves que les laïcs africains doivent affronter et par rapport auxquels l'Église doit travailler avec plus d’engagement?
Nous avons entendu beaucoup d'éloges sur la famille africaine, mais nous en connaissons bien les limites ; on parle de "l'Église-famille" qui veut exprimer dans son sein des relations de solidarité et de communion, mais en même temps nous savons que la famille africaine a besoin d'être profondément évangélisée. Il s’agit précisément de la nécessité de l’évangélisation de la culture et donc des institutions fondamentales dans la vie d'un peuple. Nous savons par exemple qu'en Afrique, la polygamie est très répandue et est souvent réglementée civilement ; celle-ci contredit la vision chrétienne du mariage sacramentel. La polygamie engendre des problèmes qui
L'évangélisation de la culture est quelque chose de fondamental, afin que l’espérance chrétienne soit réalisée dans le continent. Il y a évidemment un certain nombre d'autres questions qui touchent la vie des laïcs, comme leur présence dans la vie publique. Il y a le phénomène, maintenant répandu un peu partout, de l’avilissement de la politique, de la corruption dans la gestion des institutions publiques, de l'incompétence et de l'arrogance de nombreux gouvernants. L’exhortation Christifideles laici parle du droit et du devoir des chrétiens de s'engager dans ce domaine aussi délicat et aussi difficile que nécessaire ; en effet, on ne peut pas seulement dénoncer les maux, les fidèles ne doivent pas seulement regarder les institutions et le monde de l’extérieur, mais ils sont tenus d’y entrer et de le transformer et de l’orienter vers les valeurs de l'Évangile. Cette vision sera reprise avec force par le prochain Synode sur la nouvelle évangélisation. * Dans votre discours, vous avez dit aux laïcs du continent africain qu’il ne faut pas avoir peur d'être une minorité, mais plutôt d'être insignifiants en raison de la médiocrité et du découragement. C'est une invitation à avoir le courage de sa propre identité et de ses propres convictions, qui exigent souvent de s'opposer à de nombreuses traditions et pratiques courantes.
* Merci Éminence Mes meilleurs vœux pour votre mission et celle de votre Communauté Redemptor hominis. En tant que Conseil Pontifical pour les Laïcs, dans ces rencontres continentales, nous nous proposons également d’attirer l'attention sur les nouveaux charismes, les mouvements et les nouvelles communautés qui participent à la mission de l'Église. La beauté de l'Église de notre temps, c'est l'explosion de couleurs et de fleurs différentes qui ont chacune, bien que petite, sa propre identité et sa mission.
26/09/2012
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